Boire de l’eau sans PFAS : nos conseils
31 mars 2025
Sebastien Cleeren

Pourquoi l’eau que l’on boit est-elle polluée ?

En Wallonie et à Bruxelles, l’eau de notre robinet vient à 80% des nappes phréatiques et 20% des eaux de surfaces comme les rivières. Ces eaux sont toutes polluées et vont subir un traitement pour être rendue « potable » dans des stations de potabilisations. Ces procédés ont malheureusement des limites et ne permettent pas d’enlever tous les polluants. Il subsiste donc une petite partie de tous ces polluants dans notre eau du robinet. Par ailleurs, il est bon de comprendre que les eaux de « sources » en bouteilles proviennent elle aussi des eaux souterraines et contiennent aussi ces polluants en quantités variables.

Malheureusement, notre façon de vivre fait que nous polluons notre environnement dont les eaux de surfaces comme les lacs et les rivières et par extension, les nappes phréatiques.

Par exemple, lorsque nous avalons un médicament, une partie n’est pas utilisée par notre corps et est éliminée via nos urines et nos selles dans l’eau des égouts. Les vêtements que nous lavons libèrent des grandes quantités de tout petits plastiques (micro ou nanoparticules) dans l’eau de la machine à laver. Les produits de nettoyage que nous utilisons en général sont nocifs et se retrouvent eux aussi dans l’eau des égouts. Les pesticides pulvérisés dans les champs percolent généreusement dans les sols pour atteindre les nappes phréatiques, altérant à la fois la qualité de l’eau souterraine mais aussi des sols, ce qui dégrade son pouvoir nourricier. Ajoutons à cela les rejets de nombreuses industries dans nos cours d’eau.

On retrouve donc dans les eaux de notre environnement tout un tas de substances chimiques comme les PFAS qui sont souvent mauvaises pour la biodiversité et notre santé à nous. Vous allez me dire : « je ne bois pas l’eau des rivières moi donc je ne vois pas comment ces polluants se retrouveraient dans mon corps ».

L’eau des égouts est d’abord grossièrement « dépolluée » dans les stations d’épurations avant d’être rejetée dans la nature. Malheureusement, les procédés d’épurations ne permettent de retenir qu’une partie des polluants (les boues d’épurations) donc le reste se retrouvera dans la nature. En plus, souvent, les polluants qui ont été retenus dans ces boues d’épurations vont être remis dans le circuit de la nature car ces boues vont être épandues sur des terres agricoles pour servir d’engrais…

Comment boire une eau sans polluants ?

Devant l’échec actuel de nos pouvoirs publics à mettre à notre disposition une eau qui n’est pas, au moins potentiellement, néfaste à notre santé, que pouvons-nous y faire ? Premièrement, nous devons nous battre pour le respect de nos droits et exiger l’interdiction de certains polluants, ainsi qu’un meilleur contrôle des rejets dans notre environnement. La responsabilité de la pollution ne peut pas incomber au consommateur au travers ses choix quotidiens mais relève d’une responsabilité publique, politique et règlementaire donc.

Quel filtre choisir ?

(Cette section est amenée à évoluer au fil des nouvelles données scientifiques disponibles)

En attendant cela, on peut filtrer individuellement l’eau que l’on va consommer à l’aide de filtres qui sont efficaces. Lesquels ?

 Les carafes filtrantes (type Brita) ou autres filtres que l’on trouve en grande surface ne sont pas efficaces pour ce genre de polluants (comme les PFAS). Elles permettent simplement d’améliorer le gout et l’odeur de l’eau en accélérant l’évaporation du chlore. Cet avis de l’ANSES [1]confirme les réserve au sujet des carafes filtrantes : des études trop hétérogènes, une grande diversité de dispositifs et des risques non négligeables de relargage et microbiologiques.

Des filtres à charbon actifs conçus pour ce genre de polluants (attention au temps de contact entre l’eau et le charbon qui doit être suffisamment long) sont par contre bien efficaces et réduisent fortement tous ces polluants (de l’ordre de 95 à 99% ) y compris les grands PFAS (à chaine longue) mais ne sont que peu efficaces contre les « petits PFAS » (à chaine courte). Les charbons actifs agissent par adsorption, c’est-à-dire que les polluants se retrouvent capturés à la surface du charbon. Etant extrêmement poreux, un seul gramme peut contenir plusieurs centaines de mètres carrés de surface. Il faut les changer régulièrement, les polluants ne sont pas détruits, ils sont simplement capturés et lorsque le charbon est arrivé à saturation, ils ne sont plus efficaces.

L’osmose [2]inverse semble être la technique la plus efficace y compris contre les plus petits PFAS. Il existe aussi des filtres qui combinent charbon actif avec une résine échangeuse d’ion qui ont un bon rapport qualité/prix.

Un article de bonne qualité est disponible sur le blog « Envie de Santé ». Vous y trouverez un tableau comparatif des différents filtres existants.


Pour en savoir plus sur les PFAS, notre FAQ est disponible ici :


[1] https://www.anses.fr/fr/system/files/EAUX2015SA0083.pdf

[2] Evaluation of Industrial Wastewater PFAS Treatment Technologies Report, Prepared for U.S. Environmental Protection Agency Office of Water Engineering and Analysis Division