Impact de la contraception sur la fertilité
18 février 2021
Sarah De Munck

La contraception est omniprésente dans nos sociétés. Entre liberté et dépendance, il est parfois difficile de prendre une position claire. Dans cet article nous questionneront leur impact sur la fertilité et les idées-reçues qui en découlent

On entend souvent ce genre de craintes: « après la pilule, on tombe plus difficilement enceinte », « le stérilet peut rendre stérile » et après fine recherche de la littérature, la réponse est comme toujours nuancé.

Tous d’abord c’est quoi une baisse de la fécondité ?

En moyenne, 85% des couples vont concevoir après un an d’essais. Un sous-fertilité est envisagée après ce délai-là. 70% de ces couples sous fertiles vont parvenir à une grossesse spontanément dans l’année qui suit. Il est important de savoir que le premier facteur de sous-fécondité est l’âge de la femme. Entre 35 et 40 ans, on tombe naturellement à 60% de grossesse après une année de tentative. 2

Les différentes contraceptions, kesako ?

Il existe des méthodes hormonales (stérilet hormonal, pilule, anneau vaginal, patch, injections…), des méthodes non-hormonales et des méthodes naturelles. Lorsque l’on parle d’une efficacité de 8%, on entend que sur 100 femmes utilisant cette méthode, 8 vont tomber enceintes sur un an d’utilisation. Les méthodes naturelles sont basées sur la connaissance du cycle. J’en décrit quelques unes dans un autre article :  LIEN

Que se passe-t-il quand je prends une contraception hormonale ?

Je mets en quelque sorte en pause ma sécrétion hormonale. Ce qui implique qu’en arrêtant la pilule/patch/anneau/injection… le corps doit recommencer à produire ces hormones lui-même. Et après 15 ans de pause, on peut l’imaginer quelque peu rouillé.

Donc si l’on s’en tient aux statistiques, il faut en moyenne 6 à10 mois pour retrouver une fertilité complètement normale après l’arrêt d’une pilule. Ce qui correspond simplement à la reprise d’une activité hormonale par les ovaires, après avoir été mis en pause. Illustration par d’autres chiffres clés : on passe de 2.3 cycles en moyenne avant de tomber enceinte à 3.7 cycles si on avait une contraception hormonale. Ce phénomène est par ailleurs plus marqué avec la pilule qu’avec un stérilet : La probabilité d’avoir une grossesse après 6 mois de tentative est de 60% après une contraception orale (CO), 70% avec un stérilet et 80% avec une méthode barrière. 5

Attention, je tiens à rappeler que l’on peut tomber enceinte dès le premier cycle, on ne parle ici que de statistiques et de probabilités.

Par contre, ce qui n’est pas étudié, c’est qu’un couple qui a fait plusieurs années en contraception basée sur la connaissance du cycle menstruel (comme la symptothermie, on en parlera plus loin) parfaitement ses périodes de fertilité, et est donc plus à même d’avoir des rapports aux moments où l’ovulation se produit, et augmente a priori indirectement ses chances de conceptions. Je n’ai pas trouvé d’études montrant une hausse de la fécondité, ceci ne reflète que ma déduction personnelle.

N’oublions pas que d’autres facteurs limitent bien plus la fertilité. J’ai rédigé un article à ce sujet -> LIEN

Un style de vie néfaste allongerait de 7x le délai avant de tomber enceinte6 (tabac>15cig/j, alcool > 20U/sem, café > 6U/j, surpoids,  socialement isolé), on tomberait à 60% de fécondité. La pollution de l’air extérieur joue aussi un rôle, on observe une augmentation des fausses couches et des délais avant de tomber enceinte chez les femmes les plus exposées7. Les taux de polluants organiques persistants sont aussi en lien avec une baisse de la fertilité.

Conclusions

Avec les contraceptions hormonales, je pense qu’il ne faut pas se tromper d’ennemi sur notre fertilité. Ce qui demande un regard beaucoup plus large sur notre style de vie et une remise en question qui permettra d’optimiser notre capital santé et celui des générations qui nous suivent. 

Sources

1.            Taylor A. ABC of subfertility : Extent of the problem. BMJ. 2003;327(7412):434-436.

2.            Berglund Scherwitzl E, Lundberg O, Kopp Kallner H, et al. Short- and long-term effect of contraceptive methods on fecundity. Eur J Contracept Reprod Health Care Off J Eur Soc Contracept. 2019;24(4):260-265. doi:10.1080/13625187.2019.1621999

3.            Hassan MAM, Killick S. Is previous use of hormonal contraception associated with a detrimental effect on subsequent fecundity? Hum Reprod Oxf Engl. 2004;19:344-351. doi:10.1093/humrep/deh058

4.            Benatta M, Kettache R, Buchholz N, Trinchieri A. The impact of nutrition and lifestyle on male fertility. Arch Ital Urol Androl Organo Uff Soc Ital Ecogr Urol E Nefrol. 2020;92(2). doi:10.4081/aiua.2020.2.121

5.            Checa Vizcaíno MA, González-Comadran M, Jacquemin B. Outdoor air pollution and human infertility: a systematic review. Fertil Steril. 2016;106(4):897-904.e1. doi:10.1016/j.fertnstert.2016.07.1110

6.            Chiang C, Mahalingam S, Flaws JA. Environmental Contaminants Affecting Fertility and Somatic Health. Semin Reprod Med. 2017;35(3):241-249. doi:10.1055/s-0037-1603569

7.            Chiu Y-H, Williams PL, Gillman MW, et al. Association Between Pesticide Residue Intake From Consumption of Fruits and Vegetables and Pregnancy Outcomes Among Women Undergoing Infertility Treatment With Assisted Reproductive Technology. JAMA Intern Med. 2018;178(1):17-26. doi:10.1001/jamainternmed.2017.5038