Mon bébé est malade, quel paracétamol en sirop donner en toute sécurité ?
4 décembre 2020
Sarah De Munck

Pour répondre à cette question, j’ai analysé les différents excipients qui sont utilisés dans les paracétamol sirop, distribués en Belgique. Les excipients sont des substances que l’on ajoute à un médicament pour leurs  propriétés physico-chimiques qui facilitent l’administration ou la conservation du médicament. On peut citer des colorants, des conservateurs, des épaississants, ou des agents sucrants… Ces substances sont supposées être inertes, afin de ne pas interagir avec le traitement. Cependant, les dernières recherches toxicologiques de certaines substances les ont fait retirer du marché des additifs alimentaires..  De quoi se poser des questions sur les molécules administrées aux populations les plus sensibles, les enfants. La mauvaise nouvelle : aucun sirop n’est parfait, et j’en ai découvert des vertes et des pas mûres dans mes recherches. La bonne nouvelle : effectivement il y a du mieux (et du moins bien) ! On peut donc réellement choisir une alternative plus sûre que les autres.

Je vous explique dans cet article simplifié le pourquoi du comment !

Sirop au paracétamol, épisode 1 – Le paracétamol sirop TEVA

Le premier sirop que j’ai analysé est le sirop paracétamol commercialisé par la marque TEVA.

Pour commencer, il ne contient pas de colorants, et ça c’est chouette. Parce qu’en plus d’être inutiles (bah oui franchement), il y a de grosses études qui pointent un lien avec l’hyperactivité… Je vous en parlerai dans le détail du sirop concerné (spoiler alert: le perdolan…)

On retrouve ensuite de l’acide citrique, et du citrate de sodium, tous deux autorisés en bio. A part des études sur des dommages dentaires en cas de consommation excessive (soda par exemple), pas de grande inquiétude à ce niveau là.

Par contre niveau conservateurs, on est gâtés : On retrouve du butylhydroxyanisol (BHA, E320), perturbateur endocrinien suspecté, troubles de la fonction testiculaire chez les souris, cancérogène probable… On préfère s’en passer. On a également la bonne surprise de retrouver des parabènes ! Dont le E216 qui est interdit dans la législation des additifs alimentaires en Europe depuis 2006 !! Alors rien d’illégal là-dedans, rassurez-vous, ce n’est juste pas les mêmes textes de loi… (OUFF vous me dites) Mais bon, si on a le choix, peut-être a-t-on envie d’éviter le E216 pour son petit bout’chou malade. Le meilleur dans l’histoire c’est qu’il a été interdit pour interaction avec les hormones sexuelles, et qu’on sait que les bébés et les femmes enceintes sont les plus sensibles à ces modifications hormonales…

La gomme de xanthane, c’est un épaississant végétal autorisé en bio.

Et l’éthanol bon… On connaît tous les effets de l’alcool, c’est pas dingue pour les bébés d’où la croix rouge. Après je ne dis pas qu’il y a un impact sur la santé à ces doses-là, mais je préfère quand même sans !
Enfin, du sucre et de l’eau, rien d’inquiétant pour moi pour quelques millilitres lors de maladie. 

Sirop au paracétamol, épisode 2 – Le Perdolan enfant

Le deuxième sirop est le perdolan commercialisé par la marque Johnson&Johnson. On oublie également les suppositoires de cette marque d’ailleurs…

On commence directement avec le sodium benzoate et l’acide benzoïque. Ces molécules ont été étudiées dans deux études randomisées, contrôlées versus placebo en double aveugle (kesako?) sur leur impact sur l’hyperactivité. En clair, ils ont proposé à 1800 parents d’enfants de 3 ans (et plus tard de 8 ans) de boire pendant un mois chaque jour une bouteille de jus de fruit, qui a  toujours la même apparence. SAUF QUE, selon les semaines, parfois il y avait des colorants (dont le jaune orangé E110 qui est aussi présent ici) et du sodium benzoate, parfois pas, et les parents n’étaient évidemment pas au courant de cela… Les parents devaient du coup  noter chaque jour le niveau d’activité des enfants (à quel point il gigote, il est impatient, il vous interrompt, il est toujours en mouvement, il n’arrive pas à se concentrer). Sans surprise, puisqu’on en parle ici, les niveaux d’hyperactivité variaient de façon significative en fonction de la présence de sodium benzoate et de colorants. Depuis, les aliments contenant ces produits doivent mentionner “peut entraîner des troubles du comportement chez l’enfant”. Fin bref, pas dingue

On passe à l’érythrosine (E127), qui est un colorant rouge qui est autorisé en alimentation uniquement dans les cerises cocktails rose flashy (interdit pour le reste). Elle est composée de 4 atomes d’iode, et dans les études sur les rats, il existe un effet sur le métabolisme de la thyroïde (troubles de la conversion T4-T3, modification de la TRH circulante,…). Et si il y a un organe super touchy chez les bébés c’est bien la thyroïde, alors pour moi ça ne passe pas… Quelques études in vitro suspectent une cytotoxicité sur les lymphocytes ainsi que les modulations des voies de synthèses des prostaglandines, impliquées dans les allergies et réactions inflammatoires.

Ensuite on a du sirop de sorbitol, qui peut donner des troubles digestifs chez les petits par diarrhées osmotique, il est donc interdit en alimentation infantile mais pour une toxicité qui ne concerne que des grandes quantités ingérées, donc ça passe le test pour moi! 

Même principe avec le macrogol et propylène glycol, agents de texture qui peuvent donner de la diarrhée. Rien de catastrophique.

Dernier point qui coince pour moi : l’arôme de cerise. Alors il faut savoir que le fabricant peut noter “arôme” sur l’étiquette, et personne ne sait ce qui se cache derrière… Ça peut être complètement inoffensif ou plein de crasses qui s’accumulent dans le corps, donc par défaut, et parce qu’on ne sait pas, les arômes/fragrance/parfum -> toujours non.

Paracétamol sirop, épisode 3 – Le Dafalgan pédiatrique

Le dernier sirop, et Alleluia enfin quelque chose de correct, le dafalgan sirop de UPSA (les suppositoires enfants sont clean aussi d’ailleurs).

On retrouve de l’acide citrique, autorisés en bio, comme dans le paracétamol TEVA. A part des études sur des dommages dentaires en cas de consommation excessive (soda par exemple), pas de grande inquiétude à ce niveau là.

La saccharine sodique est un édulcorant intense. A ces doses-ci, ça ne me pose pas de problème. Je conseille d’éviter les édulcorants car contrairement à ce qu’ils font croire, le “sans sucre” ne permet pas d’être en bonne santé. Ici, rien de mal à ce que bébé ait un petit goût sucré tout en lui évitant des caries, néanmoins ils peuvent perturber un peu la flore intestinale…

On a déja cité le macrogol, qui est un agent de texture qui peut donner des effets laxatifs.

Le sorbate de potassium semble être assez clean, pas de pathologie retrouvée, classé en vert dans les comparatifs d’additifs alimentaires. Je fais confiance !

Seul point qui coince pour moi : l‘arôme de caramel-vanille. Pour les mêmes raisons que l’arôme de cerise cité plus haut.

Conclusion

On a clairement un candidat qui se distingue des deux autres selon moi, et il s’agit du Dafalgan pédiatrique (retenez : la bouteille bleue).

 Il faut toujours mettre en balance les expositions environnementales avec le mode de vie. Un enfant qui est peu exposé à des perturbateurs endocriniens, mais qui serait exposé à du tabac et une alimentation déséquilibré, c’est vraiment dommage pour son capital santé. Pas de culpabilisation si vous avez donné cela à vos enfants. C’est un changement de consommation qui fera réagir les firmes pharmaceutiques et les feront s’adapter !