Pollution de l’air (1/3): De quoi parle-t-on?
4 avril 2021
Sarah De Munck

Introduction

La pollution de l’air est définie par le dépassement d’un certain seuil de gaz ou de particules contenus dans l’air et jugés nocifs pour la santé humaine ou les écosystèmes, ou pouvant influer sur les changements climatiques. L’OMS estime qu’à elle seule la pollution de l’air extérieur est responsable de 4,2 millions de morts prématurées dans le monde.  En 2016, 91% de la population mondiale vivait dans des endroits où les normes de la qualité de l’air ne sont pas alignées avec les recommandations de l’OMS (1) . Malheureusement, les normes européennes de qualité de l’air plus laxistes que les recommandations de l’OMS.

Nous présenterons ici brièvement les polluants de l’air les plus fréquents. Dans un prochain article, nous décrirons les facteurs influençants cette pollution, et ce qu’on peut faire pour diminuer les polluants à notre échelle. En effet, chaque geste compte, et ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières…

Nous aborderons dans un troisième article l’impact de ces polluants sur la santé et comment s’en protéger individuellement.

De quels polluants parle-t-on? D’où viennent-ils?

Les sources de polluants de l’air sont multiples. On distingue les polluants primaires, directement émis par les sources, des polluants secondaires, qui sont formés par l’interaction entre polluants primaires.

Les particules fines

Celles-ci sont classées par taille et appelées PM pour « particle matter ». Les PM 10 ont un diamètre inférieur à 10 µm, et les PM 2,5 ont un diamètre inférieur à 2,5 µm.

Elles proviennent majoritairement du trafic routier et de la combustion résidentielle au bois, mais peuvent également provenir de la fumée de tabac, ou des moisissures, pollens et autres matériaux biologiques. Facilement inhalées grâce à leur très petite taille, elle forment des agrégats dont la structure adhère beaucoup plus au tissu pulmonaire.

L’ammoniac (NH3)

Principalement émis par l’agriculture agricole à cause des déjections d’animaux et des engrais fertilisants, ce gaz incolore à l’odeur forte est irritant et toxique. Il se lie par ailleurs avec les sulfates et les nitrates pour former dans l’atmosphère des particules fines secondaires. Ce phénomène contribue aux pics de particules fines au début du printemps, période d’épandage de fertilisants et d’effluents d’élevage.

Les composés organiques volatils (COV)

Omniprésents, les composés organiques volatils sont des substances contenant du carbone et volatils à température ambiante. Il en existe des milliers, naturels (<5%) ou anthropiques, c’est-à-dire produits par l’être humain. Ils sont alors issus de la combustion tels que la fumée de tabac, les bougies, les appareils de chauffage,… Ou bien ils proviennent de l’évaporation des combustibles liquides et des solvants, colles, vernis, peintures etc. On les retrouve donc dans les produits d’entretien, les cosmétiques, le mobilier,… Ce groupe très hétérogène n’a pas un effet direct sur la santé dans son ensemble, mais certaines des substances prises individuellement doivent être examinées. Si certaines semblent inoffensives, d’autres sont irritantes, allergènes (limonène,…) ou même cancérigènes (formaldéhyde et benzène). Certaines sont des perturbateurs endocriniens. La production des COV a globalement été divisée par 2 depuis 2000. Cet article en parle plus en détail.

Comment s’en protéger ? 
-	Aérez fréquemment les pièces et passer régulièrement avec un torchon humide pour emporter les poussières.
-	Utilisez le moins de produits chimiques possibles. Préférez ceux porteurs d’un éco-label européen. Ou mieux : avec quelques ingrédients, fabriquez vos produits d’entretien vous-mêmes ! C’est facile, plus économique et plus écologique, et meilleur pour la santé !
-	Le formaldéhyde se trouve dans le bois contre-plaqué entre autres. Celui-ci disparait dans les 5-7 premières années après l’achat d’un nouveau meuble/ parquet/… : Les objets de seconde main émettent beaucoup moins de COV ! A défaut, cherchez les certifications suivantes :  NAF (no-added formaldehyde), NAUF (no added urea formaldehyde),  ULEF (Ultra Low Emission Formaldehyde), catégorie E1, ou les labels NF environnement
Si vous n’avez pas pu trouver ces certifications, aérez encore plus la pièce pendant quelques jours. 
-	Évitez le plus possible le plastique dans votre intérieur. Aérez également bien après l’acquisition d’un nouveau matelas, tapis… 
-	Évitez les bougies parfumées, les désodorisants, l’encens,…
-	Soyez encore plus vigilante lorsque vous êtes enceinte. De même, ne repeignez pas la chambre de bébé juste avant son arrivée. Aérez bien après les peintures. 

Les oxydes d’azote (NO, NO2, NOX)

Les oxydes d’azote se constituent principalement lors des processus de combustion, ce qui libère l’azote présent dans le combustible et l’azote présent dans l’air de combustion. Leurs principaux émetteurs de ces gaz sont les incinérations des déchets et les transports routiers, surtout les moteurs diesel. Ce sont eux qui sont au cœur du scandale du Dieselgate ; Volkswagen réduisait alors de manière frauduleuse les émissions de polluants de certains de ses moteurs lors des tests d’homologation. En plus de leurs effets sur la santé, les composés soufrés et azotés émis dans l’air sont potentiellement acidifiants et peuvent nuire aux écosystèmes terrestres et aquatiques.

Le dioxyde de soufre (SO2)

Ce gaz incolore trouve son origine principalement dans la pollution industrielle et le transport maritime. Il est bien connu pour les smogs ou pluies acides.  Les émissions de SO2 ont fortement diminué depuis les années 70, de près de 90% : voilà la preuve qu’il est possible de diminuer les émissions des polluants de l’air s’il y a une volonté politique !

Le Great London Smog, qui a eu lieu entre le 5 et 9 décembre 1952, a attiré l’attention du monde entier sur le problème de la pollution atmosphérique. Plus de 4000 personnes sont décédées dans les semaines qui suivirent cet épisode suite aux effets nocifs du SO2 sur les voies respiratoires.

Le monoxyde de Carbone

Ce gaz résulte de la combustion incomplète de combustibles contenant du carbone tels que le gaz, le charbon, le mazout, le diesel, l’essence et le bois. Dans la Région de Bruxelles Capitale, le CO est principalement émis par la circulation automobile. Le monoxyde de carbone est un polluant majeur dans la pollution de l’air atmosphérique, cependant sa toxicité sur la santé humaine résulte de l’exposition comme polluant de l’air intérieur. Les quantités atteintes dans l’air extérieur n’ont pas de conséquences sur la santé.

Une intoxication aiguë par monoxyde de carbone se traduit par des maux de tête et nausées, allant jusqu’à l’évanouissement, vomissements et convulsions dans les cas sévères. Le monoxyde de carbone se fixe à l’hémoglobine, bloquant ainsi le transport de l’oxygène par l’hémoglobine dans le corps humain.

L’ozone

Celui-ci est présent à la fois dans la haute atmosphère terrestre, la stratosphère, et au niveau du sol (troposphère). Dans la stratosphère, l’ozone protège la surface de la terre des rayons ultraviolets du rayonnement solaire. Le fameux « trou dans la couche d’ozone » est provoqué par des substances industrielles, qui détruisent donc cette couche d’ozone en altitude.

Par contre, l’ozone troposphérique est un réel problème de santé : ce polluant secondaire est créé au niveau du sol en présence de la lumière du soleil par une réaction chimique complexe entre les oxyde d’azote et de composés organiques volatiles (COV). C’est un polluant de l’air mais également un gaz à effet de serre.

Les grandes sources de pollution de l’air proviennent donc du trafic routier, de l’activité industrielle et agricole, du chauffage et de la gestion des déchets. En effet, l’incinération des déchets produits des substances encore plus toxiques que les déchets entrants, qui seront évacuées dans l’atmosphère ou enterrés, au risque de polluer les sols.

Un tout grand merci au Dr Patricia Palacios pour son aide dans la rédaction de cette série d’articles, et surtout pour son investissement personnel dans la lutte contre la pollution de l’air !

Je remercie également l’association « Strasbourg respire » pour sa bande dessinée «  La pollution de l’air en clair », qui est une véritable mine d’informations claires et pédagogiques. Vous pouvez la retrouver en cliquant sur le lien suivant: https://strasbourgrespire.fr/pollution-de-lair-en-clair-la-bd/ .

Sources :

  1. Site de l’Organisation Mondiale de la Santé, Qualité de l’air ambiant et Santé, publié le 2 mai 2018 et consulté le 16 mars 2021 sur https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/ambient-(outdoor)-air-quality-and-health