Rénovation: quelles peintures choisir pour sa santé?
15 mars 2021
Sarah De Munck

A retenir :

  • Privilégiez les peintures acryliques, en phase aqueuse plutôt que les peintures glycéro ou en phase solvant. Les peintures glycéro nécessitent du white spirit, là où les peintures acryliques se lavent à l’eau
  • Ne pas utiliser une peinture pour l’extérieur à l’intérieur. En effet, celle-ci risque d’être en phase solvant et donc très riche en COV.
  • Lisez les fiches techniques des peintures que vous allez choisir. Les quantités de COV doivent y figurer, et doivent idéalement se situer en dessous des 15g/l.
  • Choisissez les peintres labélisées « sans solvants », ou « sans COV » La mention « Sans COV » est autorisée dès lors que le taux de COV est inférieur à 5 g/l. 
  • Les peintures mates contiennent généralement moins de COV que les peintures satinées ou brillantes. 
  • Ne réalisez pas les travaux de peintures si vous êtes enceinte ou en projet de grossesse.
  • Ne pas occuper les pièces repeintes durant minimum 1 mois, surtout si vous avez appliqué plusieurs couches.
  • L’aération doit être une priorité durant plusieurs mois suivant l’application.

Les peintures sont des grands pourvoyeurs de COV dans l’environnement intérieur. On a déjà passé en revue les impacts des COV sur la santé, avec un zoom particulier autour de la grossesse. Après avoir regardé de plus près le formaldéhyde et les matériaux en bois, nous nous intéressons aujourd’hui aux peintures.

Depuis 2012, tous les produits de construction et de décoration intérieure sont soumis à un étiquetage obligatoire relatif aux émissions de polluants volatils. (1) Dix substances sont mesurées ainsi que leur total et celles-ci sont dispatchées en 4 classes allant de A+ à C. Problème : au rayon bricolage, la quasi-totalité des peintures sont catégorisées A+….

Voici le tableau récapitulatif  (2) des différents composés analysés, et les valeurs seuils pour pouvoir se targuer de ce fameux A+. 

Sans se lancer dans des fausses accusation, l’ADEME a réalisé un rapport sur le sujet et rappelle que cet étiquetage est déclaratif et que la législation n’impose pas la réalisation systématique de tests d’émissions de COV aux fabricants.

Pour rappel, voici les normes recommandées en matières de COV totaux.

Les peintures donc besoin d’une émission de COV à 28 jours inférieur à 1000 µg/m³ pour avoir une note A+, pourtant l’air intérieur est de bonne qualité lorsque l’on est sous le seuil des 300µg/m³…

De plus, les occupations des pièces nouvellement peintes se font généralement bien avant 28 jours. Je vous glisse cet extrait d’une enquête réalisée par 60 millions de consommateurs, que l’on peut retrouver dans sa totalité ici : 

« Nous avons également mesuré les émissions à trois jours – un test que la réglementation n’impose pas, mais utile car les habitants réoccupent souvent les pièces repeintes dans un délai aussi court.

Le résultat est sans appel : malgré leur classement A+, plusieurs peintures ont des niveaux d’émission bien trop élevés qui peuvent, par exemple, dépasser les 8 000 µg/m³ pour certaines. Sachant que les effets d’inconfort des émissions de COV sont avérés dès 3 000 µg/m³… »


Pour ajouter en complexité, les peintures expriment les quantités de COV en gramme par litre (g/l) de peinture, alors que les recommandations santé s’expriment en µg/m³ d’émissions 28 jours après l’application, mesure plus proche de l’exposition réelle.

Comment s’y retrouver ?

Quels labels ?

Les labels écologiques comme Ecolabel européen, NF environnement ou Pure apportent des garanties supplémentaires. Ils ont chacun leurs seuils, mais globalement l’écolabel européen (15g/l de COV pour les peintures mates, 60g/l pour les peintures brillantes) est plus strict que le label NF environnement (30g/l pour les peintures mates et 100g/l pour les brillantes). (3)

La label Excell est aussi intéressant en cela qu’il appelle à de la vigilance ! En effet, la version bleue indique « substances indésirables au delà des recommandations, produit ayant une certaine dangerosité », là ou la version verte signifie « produit sans dangerosité ». Le consommateur qui n’a pas l’œil averti se verra donc trompé par un label…

Quels types de peinture ?

Privilégiez les peintures acryliques (par opposition aux peintures glycérophtalique), elles ont l’eau pour base et non des solvants. Pour des peintures à base glycérophtalique, les limitations européennes sont à 300g/l de COV ( !!!) . L’étiquetage environnemental reste paradoxalement A+ pour ces catégories de peinture.

Comment les différencier ?

Les peintures acryliques sont lavables à l’eau, là où les peintures glycéro nécessitent du whitespirit. La prudence est de mise pour les peintures spéciales pour salle de bain ou cuisine, car les peintures glycéro sont très résistantes à l’humidité et sont encore surtout utilisé dans ces pièces-là.

AcryliqueGlycérophtalique
A l’eauA l’huile
Phase aqueusePhase solvant
Outils lavables à l’eauPinceaux lavables au whitespirit
30g/l de COV pour le A+300g/l de COV pour le A+

Autre détail, les peintures mates contiennent moins de COV que les peintures brillantes, et les seuils sont mêmes adaptés : 30g/l pour une version mate, 100g/l pour la version brillante pour le label NF environnement par exemple. De même pour les peintures extérieures, ou les teneurs en COV sont plus importantes.

Les peintures dépolluantes

Certaines marques se targent maintenant de la mention « peinture dépolluant » « efficacité prouvée ». L’Union Française des Consommateurs a consacré un article à ce sujet. Je vous laisse le découvrir et vous faire votre avis.

Quelques exemples de peinture

Conscient : Un penture zéro déchet, oui ça existe ! A base de craie, de pigments naturels et de methylcellulose, cette peinture est vendue en poudre dans des sachets en coton. On dilue à la maison et c’est prêt à peindre.

Algo peinture : Cette marque de peinture biosourcée à base d’algue clame une teneur en COV inferieur à 1g/l. En émissions à 28j l’enseigne affiche mois de 100 µg/m³.

Levis : Pour leur gamme Acrylevis on a un taux de 110g/l de COV , la gamme oxygène réputée respectueuse de l’environnement est a moins de 1g/l de COV. Les différences sont donc conséquentes !

En conclusion

  • L’offre de peinture basse émission est maintenant assez développée, et l’on retrouve facilement des produits de bonne qualité avec moins de 5g/l de COV.
  • Exigez au minimum des peintures A+, et si possible vérifiez vous-même les teneurs en COV. Cela est obligatoirement mentionné sur les fiches techniques de vos peintures.
  • Choisissez vos peintures AVANT de vous rendre en magasin, ainsi vous pourrez consulter les fiches techniques tranquillement en aval.

D’autres sites d’informations et de vente de peintures « bio » : eco-logis, maison-ecolo

Petit quizz surprise

Quelques extraits de fiches techniques de peintures (disponibles sur les site web très facilement). La question est simple : acrylique ou glycéro ? Petit mémo technique : [acrylique-je clique, glycéro-ciao]

Pour aller plus loin :

Documentaire Maison-poison, quand nos intérieurs nous polluent – Documentaire environnement

Les autres articles de la série :

NB : aucun de ces liens commerciaux n’est sponsorisé

Sources

1.            Etiquetage des produits de construction et de décoration au regard de l’émission de COV | Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail [Internet]. [cité 9 mars 2021]. Disponible sur: https://www.anses.fr/fr/content/etiquetage-des-produits-de-construction-et-de-d%C3%A9coration-au-regard-de-l%E2%80%99%C3%A9mission-de-cov

2.            Charlène Bonnain, Jérémy Ferrari, Guillaume Galzy, Blaise Dupré. 2016. Comparaison des émissions de COV dans l’air intérieur par les produits biosourcés utilisés dans le bâtiment.

3.            Ecolabel Européen Peintures et vernis – AFNOR Certification [Internet]. [cité 9 mars 2021]. Disponible sur: https://certification.afnor.org/environnement/ecolabel-europeen-peintures-et-vernis-d-interieur-ou-d-exterieur